Réalité dangereuse : Ce que tout parent doit savoir sur le métavers
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Winnipeg, Canada — Cyberaide.ca – la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur Internet – encourage les parents à se renseigner sur le métavers et les risques auxquels les enfants et les adolescents peuvent être confrontés dans cet espace virtuel largement non réglementé.
Qu’est-ce que le métavers?
Au sens large, le métavers est un environnement 3D virtuel où les gens peuvent interagir sous la forme de personnages numériques comme ils le feraient dans la vraie vie. On y accède principalement au moyen d’un casque de réalité virtuelle, comme les casques Oculus VRMD de MetaMD (société mère de FacebookMD), et en se procurant des applications de réalité virtuelle et augmentée pour jouer, converser ou simplement passer du temps.
Quels sont les risques?
Dans le métavers, les enfants et les adultes peuvent se mêler les uns aux autres dans un environnement essentiellement non modéré où les préados et les ados sont à la merci de pédoprédateurs qui pourraient chercher à les amadouer et à les exploiter sexuellement.
Les travers et les dangers du métavers ont fait l’objet de nombreux reportages dans les médias. Un journaliste du Washington Post y a rencontré un enfant de neuf ans qui utilisait apparemment le casque VR de ses parents pour jouer à l’application Horizon Worlds (18+). Le Mirror a publié des captures d’écran montrant un utilisateur nommé « pedo » en conversation avec une jeune fille qu’il emmène dans une zone privée de la populaire application de réalité virtuelle sociale VRChatMC. Un chercheur de la BBC se faisant passer pour une jeune de 13 ans s’est fait aborder par de nombreux hommes adultes et a vu des jouets sexuels; il a même trouvé des clubs de strip‑tease.
Dans son analyse de VRChat, le Centre de lutte contre la haine en ligne (CCDH, Center for Countering Digital Hate) a constaté que les utilisateurs, y compris les mineurs, sont exposés à des comportements abusifs toutes les sept minutes. Sur une période de 11 heures et 30 minutes, le CCDH y a relevé 100 violations potentielles des politiques de Meta en matière de réalité virtuelle, mais seulement 51 d’entre elles répondaient aux critères pour le signalement des comportements abusifs. Au moment où le CCDH a publié son analyse, Meta n’avait toujours pas répondu à aucun de ces signalements, qui concernaient entre autres des actes de harcèlement sexuel et de conditionnement à l’endroit de mineurs.
Exemples de situations préoccupantes :
- Conditionnement à l’endroit d’adolescents : Dans le métavers, les ados peuvent entrer en communication avec des individus qui les exploiteront (p. ex. actes sexuels virtuels ou participation à des discussions à caractère sexuel). Ils peuvent aussi se laisser entraîner vers d’autres plateformes (dotées par exemple de fonctions de conversation vidéo ou de diffusion en direct) où ils risqueront davantage de se faire exploiter.
- Exposition à des contenus sexuellement explicites : Par exemple, l’article du Mirror fait état d’un salon dans VRChat où des utilisateurs – dont des enfants – se pressaient autour d’un avatar de Bob l’éponge qui faisait semblant de commettre des actes sexuels.
- Harcèlement sexuel, cyberintimidation, menaces de violence et racisme : Contrairement à d’autres plateformes, le métavers n’offre guère d’options pour filtrer les contenus, et de nombreuses applis s’en remettent aux utilisateurs pour baliser leur propre expérience en empêchant leurs interlocuteurs de parler, en les bloquant ou en les dénonçant.
- Absence de vérification d’âge : Par exemple, à propos de ses appareils Oculus, Meta écrit : « Nous savons que les enfants de moins de 13 ans peuvent vouloir utiliser des appareils Oculus, mais nous ne les autorisons pas à créer des comptes ou à utiliser des appareils Oculus1 ». Or, il n’y a aucun système de vérification d’âge. À la place, Meta se fie au compte Facebook de l’utilisateur pour lui permettre d’utiliser un appareil Oculus. Un enfant peut facilement contourner cet obstacle mineur en utilisant l’appareil ou le compte Facebook d’un membre de sa famille.
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Contrôles parentaux limités : Le casque Oculus Quest 2 de Meta ne dispose pas pour le moment de contrôles parentaux qui permettent de limiter l’accès à des contenus pour adultes ou par ailleurs préjudiciables (le navigateur de l’appareil permet toutefois de bloquer l’accès à certains sites)2.
Certains autres fabricants ajoutent des options. HTCMD a récemment lancé l’application Vive Guardian, qui permet aux utilisateurs de limiter l’accès aux applications et aux contenus avec les appareils ViveMD VR et d’empêcher le téléchargement sans autorisation3. - Difficulté de « voir » ce qui se passe : Avec les autres jeux vidéo, les parents peuvent voir ce qui se passe à l’écran, mais avec les appareils de réalité virtuelle ou augmentée (où seul le porteur du casque peut voir l’action), les parents peuvent difficilement savoir ce qui se passe dans le métavers. Quelques systèmes dont QuestMD et Vive permettent de « diffuser » l’action sur un téléphone, une tablette ou un téléviseur intelligent. Cette option permet aux parents de s’entendre avec leurs ados sur les limites de ce qu’ils peuvent voir.
Conseils aux parents
- Le métavers n’est pas destiné aux enfants de moins de 13 ans. Si vous avez un appareil de réalité virtuelle ou augmentée, gardez‑le hors de portée de vos jeunes enfants. N’oubliez pas de vous déconnecter de votre compte.
- Renseignez-vous sur le métavers, les appareils de réalité virtuelle ou augmentée ainsi que les jeux et les applis de votre enfant. Offrent‑ils des paramètres de confidentialité? Par exemple, pouvez‑vous contrôler avec qui votre ado peut jouer ou converser? Avez‑vous la possibilité de signaler des activités inappropriées? Est‑ce que le jeu ou l’appli permet de se connecter à d’autres plateformes, applis ou sites en dehors du métavers?
- Rappelez à votre ado que les gens peuvent se faire passer pour n’importe qui dans le métavers. Un avatar qui ressemble à une jeune personne ne représente pas nécessairement une jeune personne.
- Ayez des conversations régulières avec votre ado sur ses activités dans le métavers, ses partenaires de jeu et ses interlocuteurs. Prenez note de ses mots de passe, de ses pseudonymes et de l’identité de ses partenaires de jeu.
- Discutez avec votre ado des moyens de se sortir d’une situation troublante. La dimension immersive du métavers fait en sorte qu’il lui sera peut-être plus difficile de « fuir » une situation ou une conversation troublante. Rappelez à votre ado qu’il est facile de se retrouver dans une situation troublante ou difficile et que vous êtes la personne toute désignée pour lui venir en aide au besoin. Rappelez‑lui que si quelque chose ne va pas, vous voulez le savoir afin de pouvoir l’aider.
- Parlez des dangers du métavers avec votre ado, des précautions à prendre et de la marche à suivre en cas de problème. Assurez‑vous que votre ado comprenne bien qu’il ou elle peut vous parler de toute situation troublante sans craindre de se faire confisquer ses appareils ou de se voir interdire l’accès à ses jeux.
- Si vous voyez ou lisez quoi que ce soit de sexuel à propos de votre ado dans l’espace numérique, faites un signalement à Cyberaide.ca ou à votre service de police.
N.B. Cyberaide.ca recommande aux parents de maintenir un niveau de surveillance et d’encadrement élevé avec leurs ados qui vont dans le métavers en raison des situations qu’ils pourraient y rencontrer.
- 1 https://www.oculus.com/safety-center/ (source consultée le 28 février 2022) ↩
- 2 https://www.cnbc.com/2021/12/31/bought-your-kid-a-vr-headset-for-christmas-you-might-regret-it.html ↩
- 3 https://www.engadget.com/htc-viverse-metaverse-guardian-parental-controls-143538129.html ↩
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