Quand nous étions des enfants, nous n’avions ni voix ni pouvoir; les directions scolaires et les adultes qui étaient là n’ont pas su nous protéger. Nous sommes à présent des survivantes et des survivants adultes, et nous avons la ferme conviction que nous devons parler au nom des élèves d’aujourd’hui.
Abus sexuels et violences sexuelles contre des enfants par le personnel des écoles primaires et secondaires au Canada
Une nouvelle étude du Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) recense plus de 500 élèves qui ont été victimes (ou présumément victimes) de violences sexuelles de la part de membres du personnel scolaire entre 2017 et 2021. Cette étude s’inscrit dans la continuité de notre étude de 2018, la plus exhaustive jamais réalisée au Canada sur les abus pédosexuels commis par le personnel scolaire.
Les conclusions et les recommandations de l’étude visent à mieux outiller les décideurs clés des gouvernements et des associations professionnelles d’enseignants pour apporter des changements efficaces et fondés sur des données probantes afin que les écoles canadiennes puissent offrir des milieux d’apprentissage sûrs, sains et féconds.
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Principaux constats
- 252 membres actuels ou anciens du personnel des écoles primaires et secondaires canadiennes ont commis (ou ont été accusés d’avoir commis) des infractions de nature sexuelle contre des élèves entre 2017 et 2022. Au cours de la même période, 38 membres du personnel ont été accusés au criminel d’infractions liées à des images d’abus pédosexuels, ce qui porte à 290 le nombre total de membres du personnel scolaire ayant commis des infractions.
- 71 % des victimes dont le sexe est connu sont des filles, et 29 %, des garçons.
- Les membres délinquants du personnel scolaire qui exerçaient une fonction ou une profession secondaire connue étaient entraîneurs ou entraîneuses dans 74 % des cas.
- Snapchat, Instagram et Facebook étaient les plateformes les plus utilisées dans les infractions commises.
Recommandations
Découlant à la fois de nos travaux antérieurs dans ce domaine, dont notre étude de 2018, et de notre étroite collaboration avec Stop Educator Child Exploitation (SECE), une organisation citoyenne composée de survivant·es de violences et d’abus sexuels par des membres du personnel scolaire au Canada, nous recommandons que toutes les provinces et tous les territoires :
- Mettre en place dans toutes les provinces des instances entièrement indépendantes pour recevoir les plaintes (du public, des parents, des élèves et du personnel scolaire), diriger les enquêtes, rendre des décisions et déterminer les sanctions appropriées.
- Rendre les dossiers disciplinaires accessibles au public dans toutes les provinces et centraliser leur contenu pour faciliter la recherche à des fins d’élaboration de politiques et d’utilité publique.
- Obliger l’ensemble du personnel scolaire, y compris l’administration, dans toutes les provinces à suivre des programmes de formation sur la protection des enfants.
- Investir davantage dans les services de soutien tenant compte des traumatismes pour les élèves victimes de violence sexuelle en milieu scolaire.
Ces abus nous ont eus des impacts terribles pour nous et ont changé le cours de nos vies. Nos expériences se ressemblent même si nous n’avons pas été abusés par les mêmes enseignants et enseignantes, ni dans les mêmes provinces ni à la même époque. Ce constat nous a fait comprendre que les cas de prédation sexuelle par le personnel enseignant présentent des similitudes et que le problème est endémique. [...] Nous avons décidé de partager nos expériences pour attirer l’attention sur le danger dans nos écoles et informer le public et les décideurs politiques.